08/03/23 paru dans NEON
À notre échelle, nous avons tous un jour un peu étoffé un CV, pour se donner les meilleures chances de décrocher un emploi très désiré. Mais vous êtes loin d’imaginer toutes les données que les candidat.es sont prêt.es à falsifier…
Le job de vos rêves est là, à portée de main. Ou presque. Disons à 2-3 compétences près. Pour upgrader votre candidature, vous vous dites que gonfler un peu votre CV ne serait pas de refus, et puis, après tout, le métier s’apprend sur le terrain… Sachez que vous êtes loin d’être seul‧e ! Selon une étude réalisée par le cabinet de conseil en recrutement Florian Mantione Institut RH en 2022, plus de 66% des candidat‧es déclarent avoir déjà modifié volontairement leur CV, et 88% estiment qu’il s’agit d’un procédé tout à fait normal. Mais les recruteurs ne sont pas si dupes : 62% ont ainsi déjà constaté une ou plusieurs falsifications… On fait donc le tour des mensonges les plus fréquents sur les CV !
Les diplômes
Parmi les modifications déclarées, 9,1% concernaient l’ajout d’une information, et 19,6% la modification d’une donnée. Certain‧es candidat‧es n’hésitent pas à se dire titulaire d’un diplôme dans une école où iels n’ont jamais mis les pieds. Parmi les sondé‧es, 20,6% ont déjà même supprimé un diplôme de leur CV. Le but de ces modifications ? Ne pas être catalogué comme sous-diplômé‧e ou sur-diplômé‧e, pour ne pas montrer une reconversion ou moderniser son profil en mettant à jour les intitulés des diplômes.
Les performances
Dans le top 3 des changements appliqués relativement aux postes occupés, on retrouve en premier lieu les mensonges sur le temps passé en entreprise, puis sur les responsabilités confiées, et enfin sur l’intitulé du poste. Autant de points cruciaux pour la sélection d’un profil, mais aussi pour le calcul de la rémunération.
Les compétences
Qui n’a jamais osé mettre “anglais courant” sur son CV alors qu’iel se contente de regarder ses séries en VO sous-titré ? D’après le sondage, 61% des candidat‧es ne connaissent pas leur véritable niveau, et mentent aussi bien sur la maîtrise d’une langue que sur leur potentiel à rattraper leur retard. Autres skills mensongers : ceux de la tech, avec 55% des sondé‧es qui déclarent modifier leur niveau en informatique.
Les références professionnelles
Si toutes les informations ne sont pas falsifiables, certaines peuvent être orientées dans la direction qui nous arrange : lorsqu’il est question de fournir des références professionnelles, les trois quart des modifications consistent à diriger le recruteur vers des personnes référentes de confiance. En gros, des profils dont on sait qu’ils nous sont complètement acquis, et qui ne viendront pas casser du sucre sur notre dos.
Les centres d’intérêt
Aucune typologie d’information n’échappe au mensonge, et les activités extra-professionnelles n’y font pas exception, nous indique Le Figaro. Il n’est donc pas rare que des candidat‧es s’inventent des hobbies, pour plaire à un profil de recruteur ou pour sortir du lot. C’est vrai, qui ne trouve pas que mettre “lecture” et “voyages”, c’est barbant, vu et revu ? Ces informations, a priori superficielles, peuvent en réalité se révéler très utiles à la personne qui postule, et lui permettre de tisser des liens uniques lors de l’entretien d’embauche. Et ce nouveau type de compétences a un nom : on parle de mad skills...
Les informations discriminatoires
Enfin, certaines données personnelles qui font historiquement figure sur les CV sont falsifiées pour éviter qu’elles ne portent préjudice au candidat ou à la candidate. C’est par exemple le cas de l’adresse, de l’âge ou de la situation familiale, autant d’informations qui peuvent jouer en sa défaveur. Le lieu du domicile peut être associé à une situation sociale précaire ou peu prestigieuse : un profil venu de banlieue parisienne peut par exemple se voir écarté sur ce motif. Si l’adresse est très éloignée du lieu de travail, le recruteur peut également préjuger de retards de transport. L’âge et la situation maritale peuvent également être discriminants, surtout pour les femmes qui se retrouvent plus stigmatisées que les hommes : si Laura affiche avoir 29 ans, être en couple et sans enfants, le recruteur risque d’exclure sa candidature en craignant qu’elle ne parte en congé maternité peu de temps après son recrutement. Les discriminations au travail ont malheureusement encore de beaux jours jours devant elles...