Tous les gourous du management vous le diront : pour que l’entreprise fonctionne bien, il importe que tous des salariés soient impliqués, concernés, motivés. Ces mêmes gourous ont créé des systèmes de motivation sophistiqués, ont valorisé le projet d’entreprise en tant qu’objectif collectif à réaliser, ont rendu indispensable la charte des valeurs de l’entreprise en tant qu’outil de cohésion, ont imaginé des systèmes de rémunérations élaborés incluant une part liée au mérite, aux résultats…
Bref, ces gourous ont expliqué que si les salariés avaient le sentiment de travailler autant pour eux que pour leur entreprise, leurs besoins de reconnaissance et de réalisation de soi ainsi assouvis, leurs performances ne pouvaient qu’en être meilleures. En d’autres termes, ils nous expliquaient que l’illusion d’être son propre patron était bon pour l’entreprise… et pour eux par voie de conséquence (ou l’inverse…).
Si cela était vrai, la souffrance au travail diminuerait et le Conseil des prud’hommes perdrait de son actualité. Or, il n’en est rien !
Pourtant, la solution préconisée par la plupart des consultants est intéressante et il existe une manière de la réaliser vraiment en transformant l’illusion en réalité : cette solution s’appelle la SCOP, Société COopérative et Participative.
La SCOP est, en droit français, une société commerciale, société anonyme ou société à responsabilité limitée. Soumise à l’impératif de rentabilité comme toute entreprise, elle bénéficie d’une gouvernance démocratique et d’une répartition des résultats favorisant la pérennité des emplois et du projet d’entreprise. Ses salariés-coopérateurs y sont en effet associés (ou « coentrepreneurs ») majoritaires et détiennent au moins 51 % du capital et 65 % des droits de vote. Par ailleurs, quelle que soit la quantité du capital détenu, chaque coopérateur ne dispose que d'une seule voix lors de l'assemblée générale de l'entreprise.
La France compte actuellement plus de 2000 SCOP dans lesquelles travaillent plus de 40000 salariés. La taille moyenne des SCOP est de 21 salariés, et près de 80 % des salariés en SCOP deviennent associés au bout de deux ans d'ancienneté.
Je travaille aujourd’hui pour une SCOP dans le cadre de missions de recrutement et de formation. Le gérant a été élu par l’ensemble des salariés et gère la société comme une entreprise tout à fait classique, avec des objectifs de développement et de rentabilité. Le Comité de direction fonctionne comme tous les comités de direction. La société recrute des collaborateurs, se sépare de certains, investit, se développe… Une société apparemment comme les autres, à ceci près que ses 80 salariés se sentent vraiment impliqués, concernés et motivés, car il s’agit de leur entreprise. Consultez le site de la société IECO (www.ieco.fr) et visionnez le reportage que France 2 leur a consacré. Vous serez « bluffés » ! Comme je l’ai été… Comme le seraient tous les gourous qui parlent d’illusion alors que la réalité peut se construire, car le cadre juridique et les outils existent.
Alors, demain, tous patrons ?